Coup de nausée
Septembre / octobre 2002

Ce mois ci mon coup de cœur ne sera pas un coup de cœur mais un plutôt un coup de nausée.

Samedi 5 octobre 2002 : Violences militaires à Carnac
Source Ici Menhir : http://www.chez.com/icimenhirs

Préambule historique :
"Les menhirs, il est temps que ça rapporte !» déclara M. Christian Bonnet, Sénateur Maire de Carnac et ancien ministre de l’intérieur en 1970

Tout à réellement commencé en 1988, quand l'état, propriétaire des alignements de Carnac, décide de "penser" un projet d'aménagement sous prétexte de "préservation du site".
Sans aucune concertation de la population ni même des experts du lieux, ils poseront 1 an plus tard des grillages autour des alignements et construiront un ignoble belvédère.
Le peu de réunions d'information auront lieu à Lorient, bien loin de Carnac pour certains.
Un Archéoscope est construit en bordure du site et c'est de ce bloc de béton que les touristes empruntent un petit train pour faire le tour des alignements. Sa concession termine fin 2002 et le chargé de mission JP Mohen assure qu'elle ne sera pas renouvelée et que l'on détruira l'édifice (pas assez rentable ?!)

7 associations se créeront, une enquête public bâclée sera effectuée par l'état faisant fit des 87% des habitants opposés au projet.
Il faut savoir que les associations ne sont pas opposées à un aménagement. Elles proposent plutôt que le site soit intégré dans un projet d'étude et de protection globale (280 sites recensé sur Carnac, Plouharnel, Erdeven, Locmariaquer...).
Elles veulent "protéger, partager et instruire" plutôt que d'aménager un espace de 2000m2 "à la disneyland du menhir" qui propose :
- de raser une forêt qui jouxte le lieu pour faire un parking de 250 places,
- d'installer, quasiment sur le site, un "supermarché" du souvenir et un cafette-restauration rapide (pas du Mac do mais presque),
-
dévier une route (même si c'est contraire à la loi Littoral qui impose une distance d'au moins 2000 mètres du rivage)
- et faire payer l'entrée du site durant la saison estivale (d'avril à Septembre).

Mais l'administration fait la sourde oreille.

En fait de protection il semble plus que l'intérêt soit un intérêt vénal et non archéologique ; Dans le dossier soumis à l'enquête publique de 1996 il ne lui est consacré qu'une seule misérable page sur les 150.
Une commission scientifique n'a été créee qu'en 1998, soit 10 ans après le projet, et ne représente que 7% du budget total (le chantier est estimé a 15 000 000 € presque 100 000 000 frs).

L'usure des sols est, selon l'administration, la faute des touristes qui tournent autour des menhirs et qui déchausseraient les menhirs ; mais c'est d'abord et surtout une erreur des Monuments Historiques qui ont massivement et sauvagement débroussaillé à coup de tracteurs et de désherbant total dans les années 1980

Les acquisitions des terrains commencent avec rachat pour une bouché de pain d'une dizaines d'habitations destiné a être détruites. Pour l'heure, une a été détruire et les autres servent de dépot ou de logements de personnel.

Même si même au sein du ministère de la Culture certains s'inquiète de cette "vision purificatrice et abstraite des monuments historiques" . Le projet est maintenu malgré tout et les démissions pleuvent au sein du ministère de la culture, dans les administrations...même le Maire de Carnac démissionne. En 1991 le belvédère est détruit puis reconstruit 1995, belvédère en algéco avec des fondations en Béton qui s'intègre toujours aussi mal.
Pour l'heure 50% des expropriations sont effectuées, (sur les 297).

en 1997 le projet est déclaré d'utilité publique.

En 1998, l'association Menhirs Libres est reçue au ministère de la culture.


Copyright Telegramme 06/10/2002

Face au mutisme de l'état et des responsables politiques (excepté certains Verts), les associations (Menhirs libres, Keep it blue, la confédération paysanne, Bemdez, la Marche des libértés Bretonnes, Sindikad Labourien Breizh, Emgann, la Carb, la confédération maritime), se sont regroupées en un collectif, Holl A Gevred, et on décidés le 26 août à 14h d'investir le belvédère.

Copyright Telegramme 06/10/2002


Et pendant 46 jours ils ont dormit là-bas et tenu toute la journée en faisant rentrer gratuitement les touristes de passage leur fournissant même un guide gratuit (en la personne de mon père) quand ils voulaient en savoir plus.

Le vendredi 4 octobre au matin, ce qui devait arriver arriva, la gendarmerie est venue déloger les "gêneurs".
L'expulsion se passera "en douceur".




Copyright Telegramme 06/10/2002

Violences militaires à Carnac :

Le samedi 5 octobre à midi le collectif a donc organisé une manifestation devant la mairie de Carnac pour parler avec le Maire de la ville (grand souteneur du projet).
A peine arrivé la petite centaine de personnes présentes s'est retrouvée devant 2 cars de gardes mobiles. Dans les entraînements des gardes mobiles (qui dépendent du ministère de la défense contrairement aux C.R.S. qui dépendent du ministère de l'intérieur) pour eux, seul ennemi : celui de l'intérieur. Ce sont les mêmes qui testèrent le fusil Lebel contre les mineurs en grève.
Après avoir gratifié les manifestants de quelques provocations, ils en sont venus rapidement "à la matraque", sans prévenir, cognant sur tout ce qui bougeait sans se soucier de l'âge ni du sexe.
Après avoir menacé mon père d'un :"toi, j'te retrouverai et j'aurai ta peau", ils ont matraqué mes parents , 64 ans pour mon père, presque 59 pour ma mère ; la jambe de ma mère n'est qu'un énorme bleu (pensez vous les "gentlemen" ne frappent pas les femmes à la tête... mais sur les cuisses), et mon père se plaint de douleurs à la colonne vertébrale...
(voir photo 1 : mon père de dos avec un chapeau et un sac à doc, juste avant qu'il ne s'en "mange" une)

Jacques BRUNEAU, le Maire de Carnac, dénonce dans un communiqué les débordements, rejetant la faute sur les manifestants qui auraient selon lui agressé les gardes mobiles et cassé des vitres ; ce qu'il oublie de dire c'est que les vitres au rez-de-chaussée de la mairie sont en Plexiglas trés épais et que la tête d'un manifestant blessé grièvement au crâne (10 points de sutures) embarqué en urgence par les pompiers à l'hôpital d'Auray, s'en souvient encore. Bien attendu AUCUNE vitre n'a été cassée.

Copyright Telegramme 06/10/2002

Résultat des courses : 5 personnes blessées.

Dans ce communiqué le maire justifie cette hécatombe par le fait qu'un des manifestants a décroché le drapeau français... c'est très cher pour un symbole !
Très cher quand on sait que, depuis le départ, le collectif a toujours choisi la voie démocratique, non violente et du dialogue avec les élus, excluant même certains de ses membres quand ils "débordent" (épisode
Duc de Rohan).

M.Bruneau a même l'arrogance de soutenir "médiatiquement" le couple Mary (couple de 70 ans qui résiste encore à l'expropriation de leur ferme vieille de plus de 2 siècles) et de condamner les personnes qui se servent de leurs problèmes comme tribune "politique", alors même que leurs problèmes viennent en grande partie de lui (expertise obligatoire de leur terrains de 6098 € / 40 000 frs et pressions politico-policières).

Ce combat peut sembler très "régional" mais il concerne tout le monde !
Les alignements sont un trésor que l'état, aidé de la région, s'apprête à massacrer


Sources :  
 
Carnac Menhirs libres  
AFP
La voix du Nord

  Le télégramme
http://www.chez.com/icimenhirs/
 

Le projet Carnac de Cédric Le Lamer et Alan Pezennec   

Le Monde :
- Patrimoine : Carnac, trois mille pierres d'achoppement article de Emmanuel de Roux paru dans l'édition du 13.08.02
- L'opposition de Menhirs libres aux projets de l'Etat article de Emmanuel de Roux paru dans l'édition du 13.08.02

Libération :
- Un menhir libre est un menhir heureux Par Service web mercredi 28 août 2002 (Liberation.fr)


 

Accueil - voyages - danse contemporaine - spectacles - divers - publications - liens
livre d'or - contact - coup de cœur - cv - plan du site - merci